Patrice COUSIN

Patrice Cousin a l’âme voyageuse et a déménagé un certain nombre de fois avant de poser ses bagages dans le Sud-Ouest, inspiré par ses lumières mais aussi peut-être sa gastronomie, sa bonne humeur, bref son art de vivre. De même, il s’est essayé à plusieurs techniques, avant de choisir le pastel, pour le contact tactile direct entre la matière et la peau, sans passer par l’intermédiaire du pinceau. En bon pastelliste, Patrice Cousin s’inscrit dans une longue tradition d’artistes ayant utilisé cette technique (Chardin, Degas et bien d’autres encore… ) Mais ses influences revendiquées sont aussi à chercher du côté de De Chirico, Magritte ou Morandi.
Pour autant, ses pastels ne sont pas exclusivement tournés vers le passé et l’universalité des sujets traités (paysages mais aussi récipients de toute sorte) n’empêche pas son travail d’être ancré dans la modernité, au contraire.
Chacune de ses œuvres, représentant des cruches, pots, bouteilles, est porteuse, derrière son apparente simplicité, d’une dimension supplémentaire. La position de l’objet, la composition du tableau tout autant que les mots ou phrases ajoutés permettent d’ouvrir l’espace des interprétations possibles. Les jeux de mots, les références à l’histoire, la mythologie, et aussi, de manière presque subliminale, à l’actualité politique, sociale et culturelle sollicitent l’esprit du spectateur redevenu actif devant l’œuvre. Ses tableaux reflètent le côté malicieux, l’humour de leur auteur et aussi une certaine mélancolie (l’humour n’est-il pas la politesse du désespoir ? ) Avec une oeuvre intitulée « Il suffirait de presque rien » par exemple. De même, les effets de décalage entre le titre et ce que l’on voit sur l’œuvre provoquent parfois le sourire du spectateur, un peu déstabilisé cependant par cette forme particulière d’humour que l’on pourrait qualifier d’absurde.
Quant à ses paysages, il s’agit souvent de paysages de la région du Sud-Ouest (le Gers, les forêts des Landes) et qui ne sont pas sans évoquer Cézanne. D’autres paysages, maritimes ceux-là, peut-être une réminiscence du passé de navigateur de Patrice Cousin, laissent l’impression troublante aux spectateurs d’être envahis par le ciel, tant la disproportion entre le ciel et l’eau est marquée.
Patrice Cousin propose donc une œuvre protéiforme qui recèle plusieurs niveaux de lecture et plusieurs modes d’entrée possibles pour le spectateur qu’il invite à se laisser porter vers d’autres lieux, d’autres paysages, d’autres émotions.